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De la fortuititude... réflexions d'un âne sur le hasard et les coïncidences

Démarré par bisane, 03 Février 2012 à 19:02:55

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bisane

L'âne fait rarement part de ses propres états d'âme sur le forum, parce qu'il estime que ce n'est guère compatible avec la fonction qu'il y exerce.

Sauf qu'il a, comme tout un chacun, des sentiments, des pensées, des émotions, et qu'il peut se produire parfois que ceux-ci prennent le pas sur ladite fonction...
Tel est le cas aujourd'hui.
En ces jours où il a le trouillomètre à zéro, au point qu'il s'est coincé le dos, en assortissant ce délice suprême d'une bronchite qui lui a valu quelques accès de fièvre effrénés.

L'âne a, de la même façon, et comme tout un chacun, ses fois et croyances personnelles.
C'est ainsi qu'il ne nourrit aucune aversion particulière envers les chats noirs, non plus qu'il ne joue au loto chaque vendredi 13...
Il ne croit pas davantage au hasard et aux coïncidences, dites fortuites.

Il croit par contre, s'étant nourri de quelques sagesses plus ou moins exotiques, que la maladie peut être une forme de guérison... ce que la lecture de quelques bouquins dits de "médecine parallèle" n'a fait que lui confirmer.

Or il ne vous aura pas échappé (du moins à certains), qu'il vit une période quelque peu particulière, avec la sortie d'un livre écrit par ses petits sabots...
Ce n'est ainsi pas un hasard si, enfin, il s'est décidé à lire D'autres vies que la mienne, d'Emmanuel Carrère... alors qu'il en avait déjà parlé... il y a près de 3 ans !

Et que lit-il, en ce jour, alors qu'il connaît un petit regain d'énergie ?

D'abord, un petit rappel d'une des lectures de sa jeunesse, qu'il a fait circuler autant qu'il l'a pu, -au point d'en avoir acheté au moins 10 exemplaires... et de n'en avoir, lassé d'acheter, conservé aucun  :P-, dénommé Mars, et écrit par une certain Fritz Zorn, - dont il apprend, au passage que le nom est un pseudo, et que le vrai n'est pas Zorn (colère), mais Angst (peur, angoisse). Un hasard, sans doute, que le choix de ce pseudo...
Et pourquoi cet auteur est-il cité par carrère ?
Parce qu'il dit ceci du cancer : maladie du corps, dont il est bien probable que je mourrai prochainement [...] maladie de l'âme, dont je ne puis dire qu'une chose : c'est une chance qu'elle se soit enfin déclarée.
Ne voyez aucun cynisme dans le choix de cette citation... je poursuis avec vous ma lecture...

Carrère cite un autre bouquin, que je méconnaissais, lui, totalement, et qui se nomme, Le livre de Pierre, de Louise L. Lambrichs, qui s'est entretenue avec Pierre Cazenave, lui-même cancéreux, et par ailleurs psychanalyste, qui vit sa maladie un peu de la même manière que Zorn.
Lequel dit ceci : La pire des souffrances, c'est celle qu'on ne peut pas partager. Et le malade cancéreux, le plus souvent, éprouve doublement cette souffrance. Doublement parce que, malade, il ne peut partager avec son entourage l'angoisse qu'il ressent, et parce que sous cette souffrance en gît une autre, plus ancienne, datant de l'enfance et qui elle non plus n'a jamais été partagée, jamais été vue par personne.
Il me semble que l'on pourrait, sans prendre trop de risques, remplacer "malade cancéreux" par "surendetté", et croyez bien que je fais cela sans comparer les situations dans ce qu'elles ont d'incomparable, mais en les mettant en parallèle dans ce qu'elles peuvent re-présenter, dire de sa propre vie, raconter de son voyage personnel dans la déserrance. (pardon de me citer, mais c'est loin d'être le première fois que je tiens le même genre de raisonnement : Surendettement et accidents de la vie...)

Je vous épargne (mais ça vaut le coup d'être lu !  :P) ce qu'en dit ensuite Carrère lui-même, mais retiens cette dernière citation qu'il fait de Cazenave, qui décrit ainsi sa pratique : une solidarité inconditionnelle avec ce que la condition d'homme comporte d'insondable détresse.
Il ne fait aucun doute que si cette solidarité-là était plus généreusement répartie bien des souffrances pourraient être épargnées à tout un chacun...


Carrère termine ce chapitre en disant qu'il veut se rappeler...
C'est une phrase que je prononce souvent, mais en contrepoint, dans mon boulot : ne jamais oublier ce que l'on a été à un moment donné, ni le chemin parcouru entre-temps... Quoi que ce soit que l'on ait été, et quel qu'ait été le chemin arpenté.


Je ne sais pourquoi, ces derniers jours, du fond de ma douleur, de ma fièvre et de ma fatigue, les deux premières "morts" que j'ai eu à vivre étant encore enfant, me sont revenues, très présentes, à la mémoire. Lesquelles sont restées des blessures (autres que le chagrin lui-même), pour des raisons diamétralement opposées... Celle de mon grand-père, dont j'ai été écartée, celle d'une grande amie de ma mère, laquelle, ne pouvant se rendre disponible, m'avait mandatée pour la représenter aux obsèques.
J'ai, dans l'une comme l'autre situation, ressenti une "petite mort", car dans l'un et l'autre cas, je n'étais pas à MA place... blessures que je croyais avoir "cicatrisées".

Or je crois que la peur démesurée, disproportionnée, invalidante à m'en rendre malade, que je ressens, me semble relever du même ordre de décalage. Si je souhaite en effet par-dessus tout que le bouquin ait le plus d'audience possible, pour briser le mur du silence et faire que le phénomène soit envisagé autrement, je me sens encore incapable (mais peut-être vais-je bientôt guérir !  >:D) d'assumer cette brusque sortie de l'ombre et de l'anonymat...

L'âne boiteux espère que ce billet, en forme d'exutoire, participera d'une sorte d'exorcisme !  xxl!
Mais il espère aussi qu'il pourra nourrir quelques échos et réflexions parmi vous !  ;)
il n'y a que les combats que l'on ne livre pas que l'on est sûr de perdre...

zorah0412


l'âne,
Zozo marque là un temps d'arrêt sur votre missive trop riche en confessions et reflexions pour apporter une réponse instantanée. D'autant que j'ai lu bouquin de Carrère!
Tout ce que vous dites fait écho, et ce dans chaque recoin!!! 
J'y reviendrai après introspection  ;)
:-* :-* :-* :-* :-* :-* :-* :-* :-* :-*
mieux vaut être optimiste et se tromper que pessimiste et d'avoir raison!

domdom

bonsoir Bisane, quant je vois votre témoignage , j'ai l'impression de revenir en arrière, avant le mot cancer dans toutes ses formes , ont avais le lépreux qui n'était pas mieux lotis que deux percussions, aujourd'hui le surendetter et dans le même contexte , de impure, ont ai passer  à rejeter et exclusions. bonne soirée.     

griotte06

Citation de: zorah0412 le 03 Février 2012 à 19:31:19

l'âne,
Zozo marque là un temps d'arrêt sur votre missive trop riche en confessions et reflexions pour apporter une réponse instantanée. D'autant que j'ai lu bouquin de Carrère!
Tout ce que vous dites fait écho, et ce dans chaque recoin!!! 
J'y reviendrai après introspection  ;)
:-* :-* :-* :-* :-* :-* :-* :-* :-* :-*

l'âne se dévoile, on le découvre  ;)
pas de mot à mettre sur la toile immédiatement, car très touchée par cette confession intense, riche et pleine d'émotion.

:-* :-* :-* :-*

celtic

Voilà j'ai lu L'âne et je pleure  :'( :'( :'( :'( :'( :'( :'( :'( :'( :'(

Tu es unique et belle je suis contente de t'avoir rencontré , même si c'est du à l' épidémie .......

:-*
N'ayez d'intolérance que vis-à-vis de l'intolérance. "

Hippolyte TAINE

victoire

J'ai aussi lu les deux...
Pas envie de parler de la suite.(Ma vie)
L'alcoolisme entraine dans son sillage dit-on a à 4 à 5 personnes proches.
L'endettement a les mêmes effets.
Il est temps de briser le silence.
Ce n'est pas parce que les choses sont difficiles que nous n'osons pas c'est parce que nous n'osons pas qu'elles sont difficiles.<br />Sénèque

zorah0412

mieux vaut être optimiste et se tromper que pessimiste et d'avoir raison!

Smilysoul

Citation de: celtic le 03 Février 2012 à 21:08:15
Voilà j'ai lu L'âne et je pleure
mêmes symptômes  :P
ce ne sait quoi répondre peut être demain ...  :-\
La pire des souffrances, c'est celle qu'on ne peut pas partager
ça résume bien l'utilité de ce forum ...
L'espérance est un risque à courir.
Georges Bernanos

virginiefj


nounours

sans mots Bisane, je ne vous connais que par le fofo mais j'ai l'impression que vous connaissez tout de mon ressonti, non de notre ressenti à nous tous. Vous avez les bons mots et les mettez là où il faut.

Tout est résumé dans ce message en dehors de vous tous je n'arrive pas encore à parler du surendettement mais grâce à vous j'arrive à écrire ce mot en parler, c'est le début d'une thérapie qui fait resurgir des blessures plus profondes..

plus rien juste une envie de pleurer mais aussi de me battre

je me repette mais merci merci  :-*
j'ai arrêté de rêver et pourtant j'y crois encore

celtic

Citationsans mots Bisane, je ne vous connais que par le fofo mais j'ai l'impression que vous connaissez tout de mon ressonti, non de notre ressenti à nous tous. Vous avez les bons mots et les mettez là où il faut.

C'est peut être ce qui pose problème à Bisane ressentir profondément les choses et  vouloir ou ne  ne pouvoir toujours agir , on s'oublie des fois  ;)
N'ayez d'intolérance que vis-à-vis de l'intolérance. "

Hippolyte TAINE

ZOUNOURS

Il est des souffrances qu'on arrive même pas à exprimer et c'est ainsi que le corps finit par l'cher sous le coup de l'oppression.

Mais, cher âne ta soudaine "célébrité", il faut t'en faire une arme et pas la retourner contre toi.....

Nous sommes toutes et tous tellement fiers de toi qui a su exprimer et jeter à la face du public, si ce n'est du monde... notre calvaire, nos doutes, nos nuits blanches, nos douleurs....

Quel bonheur de te connaître.....

Que ces paroles soient pour toi un baume à distance......

Bisous

ZOUNOURS
Je ne sais encore comment je vais m'y prendre. Pour l'instant, reste à mes côtés, sois patient, sois mon ami, sois mon seul ami ! D'accord?

bisane

Je ne cherchais pas un baume, Zounours, mais tes paroles le sont, en effet... comme le sont les autres, sans pour autant réussir à diminuer ma peur. Mais je t'en remercie, et remercie ceux qui ont daigné réagir.

Je suis désolée de vous faire pleurer, de vous laisser sans voix, sans mots, sans réaction... et de casser quelque peu l'ambiance !  :P
Mon message ne visait bien évidemment pas cet objectif là, quand au contraire je passe mon temps à essayer de "faire dire", tant sur le forum que dans mon boulot.

Mais...
La vie se charge de rappeler, de différentes manières, à chacun, ce qu'il est au plus profond de lui-même. J'en ai en tout cas fait l'expérience à diverses reprises, pour moi comme pour ceux qui me sont proches... ou qui l'ont été.

Ce foutu bouquin, j'ai réussi à le mener à son terme, parce qu'il me semblait nécessaire que quelqu'un l'écrive et qu'il me semblait que je pouvais le faire. Ca a déjà été une gageure !
Ce défi-là, je l'ai relevé, du moins mal que je l'ai pu, et avec le soutien de toute l'équipe du forum et de nombre de mes proches.

J'ai tenté de dire, révéler, exprimer, tout ce qui peut se dire sur le forum... sans y parvenir totalement, du fait des contraintes éditoriales.
Cela n'a pas été facile, mais c'est fait et digéré...

Me reste à passer le pas suivant : celui de sortir de l'incognito, de faire face à des interviews, de porter une parole...
Je ne puis expliquer ce qui, en cela, me fait tellement peur, et me paralyse, presque'au sens propre du terme !  :P
Mais j'essaie, par le biais de ce fil, humblement et avec votre soutien, de me sortir de cette gangue, pour pouvoir assumer pleinement ce qui est désormais réalisé et suivra en tout état de cause son cours...

Chacun vit avec ses propres fantômes...
Je n'aurais jamais soupçonné que la sortie de ce bouquin réveillerait ceux de l'âne à ce point !  :P
il n'y a que les combats que l'on ne livre pas que l'on est sûr de perdre...

celtic

Bisane rappelle toi un exercice que tes collègues ton fait faire et comment tu as réagi  et tu t'es sentie ;)
:-*
N'ayez d'intolérance que vis-à-vis de l'intolérance. "

Hippolyte TAINE

Astian

L'écriture est un accouchement. Elle peut être une lente maturation, comme un orgasme violent et destructeur.

La véritable gageure de l'écriture c'est de laisser les mots s'exprimer par eux même dans une forme de transe. On devient un derviche du verbe. Derrière ce processus se cache l'homme ou la femme. Dans ses première phrases on sent encore les conventions et le poids de son histoire. Les mots lui appartiennent encore, mais déjà comme à regret, comme un enfant qui découvre l'autonomie, ils vont plus loin encore que l'écrivain ne l'imaginait.

L'auteur est un apprenti sorcier qui découvre au fur et à mesure que les mots, le verbe sont plus fort que lui. Alors, lorsqu'il abandonne le combat, lorsqu'il se rend à l'évidence, qu'il admet cette ultime supercherie, le voici nu découvert au regard d'autrui .Chacun découvre alors la véritable humanité, celle qui pleure, celle qui rie. Chaque veine, ridule, chaque plaie est révélée. Ces mots sont les vôtres mais ils sont également la somme de la parole d'autres. C'est cet accouchement public, cet impudeur qui vous fait peur. Mais dieu que cette peur nous fait
du bien !

Accepter que vos mots, ces enfants de votre histoire, partent aux quatre vents pour allumer chez ceux qui les liront cet espoir de vous rencontrer. Et il vous verront, comme je m'attends à vous découvrir dans la vérité de vos mots qui sont devenus les nôtres, qui sont devenus les miens.

A vous lire Bisane, à vous lire.
"Fais preuve de gentillesse envers tous ceux que tu rencontres, leur combat est peut-être plus dur que le tien."

Platon et Zorah par délégation...