Surendettement et Procédure de Rétablissement Personnel

Démarré par freeflyboy64, 10 Septembre 2015 à 10:21

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freeflyboy64

Bonjour à tous,

J'ai déjà posté ce message dans la section "remerciements", mais je me rends compte que finalement, c'est mon témoignage que j'ai livré...
Donc autant qu'il se trouve ici, dans la bonne section, peut-être pourra-t-il plus être utile là, et que les modos n'hésitent pas à effacer le 1er post...

Ceci-dit, je tiens toujours à remercier sincèrement l'ensemble des intervenants de ce forum pour l'aide qu'il apportent, à la lecture des nombreux posts des uns et des autres et  les réponses des spécialistes divers.

Pour moi ça se termine très bien, très vite, et j'ai vraiment conscience de la chance que j'ai, et du nouveau départ qui m'est offert.
Je tenais à me débrouiller seul, et il faut beaucoup de motivation quand on voit la somme des informations à fournir dans le dossier à remplir, après avoir fait un point complet sur sa vie financière qui doit être passée au crible.

Voici donc mon expérience, dont l'issue aura été finalement très rapide, alors que je traînais ce boulet financier, mental et moral depuis de très (trop !) nombreuses années...

J'ai grosso modo 40 ans, un job indépendant de jardinier, et j'étais arrivé en mars 2015 à une dette de 16 000 euros auprès de divers organismes de crédit.
En CDI jusqu'à 35 ans, j'avais déjà accumulé depuis de nombreuses années de petites dettes, mais que je gérais sans souci, mon salaire me permettant de rembourser mes emprunts. Il s'agissait essentiellement de dépenses "de confort", un peu d'électro-ménager et TV/son, mais je devais environ dans les 5 000 euros, et je savais qu'au niveau du budget mensuel ça passait tranquille. Première erreur : avoir choisi du revolving, donc avec des petits remboursements, mais une dette qui ne se rembourse quasiment pas, et surtout la possibilité de pouvoir piocher dans sa réserve en cas de besoin...

Il y a 6 ans donc, je quitte mon CDI pour m'installer à mon compte, la fleur au fusil, sans avoir trop réfléchi. Je n'avais que peu de clients à l'époque, et donc je ne rentrais que peu d'argent. J'ai donc commencé à piocher sérieusement dans mes réserves de crédit, non pas pour m'acheter des choses inutiles, mais pour boucler mes mois et tout simplement vivre. C'est à ce moment-là que j'aurais dû vite prendre le taureau par les cornes, mais on se dit que ça va s'arranger, que le boulot va arriver plus vite (tu parles...), bref de l'inconscience de ma part, ou en tous cas du déni. Mais c'était ainsi.

C'est dans ces 6 années que mes dettes sont passées d'environ 5 000 à 15 000 euros. J'avais déjà 3 crédits ouverts depuis très longtemps donc (du temps où j'étais en CDI), dont certains pas encore utilisés, ainsi qu'une carte F..C et Carrouf. Mais ces crédits ouverts permettaient un jour de piocher facilement dedans...

Les deux dernières années furent assez terribles, car je sentais bien que j'atteignais le bout du rouleau, que c'était une spirale sans fin, que j'arrivais au maximum empruntable, et heureusement que je n'ai pas triché pour obtenir un nouveau crédit.
Des amis étaient là pour m'avancer de temps en temps de quoi finir mon mois, rembourser mes crédits, je les remboursais aussitôt mes salaires touchés, et c'était reparti pour un tour.

Il y a 2 ans, j'avais contacté l'association Cresus qui m'avait très bien conseillé, me conseillant de fuir le rachat de crédit, mais toujours pareil comme beaucoup ici, je pensais encore que ça allait s'arranger, que je pouvais gérer, etc.
Ma banque a tenté de me proposer un rachat mais mes ressources étaient évidemment insuffisantes au vu des remboursements mensuels (500 euros de crédit à rembourser chaque mois, à la fin...)
J'ai tenté une autre banque, dont la responsable d'agence m'a reçu fort gentiment, en me conseillant elle-aussi de déposer un dossier, il y a un an. Je suis allé le chercher à la Banque de France, mais encore une fois j'ai laissé courir, pensant m'en sortir tout seul en augmentant mes revenus. Peine perdue, je ne suis pas un fainéant mais développer sa clientèle quand on est indépendant n'est pas toujours chose aisée.

Bref, à la sortie de l'hiver dernier, catastrophe, moi qui remboursais chaque mois ce que je devais, d'un seul coup ça a cassé ! Plus d'argent, plus moyen de jouer sur quoi que ce soit, la banquière qui me réduit mon découvert autorisé, bref la cata totale et la panique à bord...
Moi qui avais toujours voulu tenir ma famille à l'écart de mes soucis, j'ai été obligé de leur en parler (parents), d'expliquer rapidement ma situation, etc. Gros sentiment de honte et de se retrouver comme un enfant pris la main dans le sac... à 41 ans. Dur.

Mes parents m'ont payé un loyer, avancé 200 euros pour parer au plus urgent, ont émis l'hypothèse de m'aider à rembourser la totalité de mes dettes (15 000 euros donc et 1 000 euros de découvert), mais je ne voulais vraiment pas les impliquer dedans vu que ça aurait représenté un sacrifice important pour eux, à leur retraite...
C'est donc sorti tout seul, je leur ai dit que je venais de déposer un dossier de surendettement !

Du coup, dès le lendemain je ressortais mon dossier jamais rempli, me renseignais sur le web et sur ce forum, et comme un grand, en 1 journée j'ai tout plié !
Dossier déposé le 17 mars 2015 donc. Ouf ! je me sentais déjà un tout petit mieux, convaincu d'avoir pris la bonne décision, et regrettant vraiment d'avoir attendu 2 ans, ou au moins 1 an, pour le faire.
La BdF me rappelle le lendemain pour me signaler un souci. Aïe !!! En effet, à côté de mon activité de jardinier indépendant (en CESU, donc statut de salarié auprès de mes clients), j'avais également une activité d'auto-entrepreneur, qui ne me procurait quasi aucun revenus, mais le fait d'être inscrit en tant qu'AE m'empêchait de déposer un dossier, en tous cas mon conseiller m'a dit qu'il serait très certainement rejeté.
C'est d'ailleurs un peu invraisemblable ce point particulier, mais en attendant il fallait faire avec.
J'ai pris la décision dans la minute, et dans l'heure j'étais à l'URSSAF pour me radier, et fournir le justificatif à la BDF en suivant. Le parcours du dossier pouvait continuer...

C'est maintenant que je suis conscient d'avoir beaucoup de chance, car tout est allé très vite et s'est bien terminé pour moi.
- le 19 mars 2015, attestation de dépôt.
- le 26 mars, notification de la recevabilité de mon dossier ET orientation directe vers une PRP  (effacement), avec tableau récapitulatif des dettes et budget prévisionnel.
- le 29 avril, courrier de recommandation de la BdF vers une PRP avec point sur les dettes/dépenses auprès de chaque créancier.
L'attente réelle a commencé, j'étais persuadé que des créanciers feraient appel et je m'imaginais déjà convoqué au tribunal, devant défendre ma situation, et finir au mieux avec un moratoire...
- à la mi-juin j'appelle mon conseiller BdF pour lui demander des nouvelles. Il me confirme qu'à ce jour aucun créancier n'avait fait appel (pas même ma banque pour le découvert qu'elle m'avait recrédité, et donc déclaré en tant que dette au même titre que le reste), et me dit que le délai qui leur est imparti étant passé, il ne me restait qu'à attendre que le juge statue sur mon dossier.

Inutile de dire que depuis que mes dettes étaient gelées par la procédure (la recevabilité), je vivais beaucoup mieux, terminant mes mois dans le positif, arrivant même à mettre un peu de côté, rembourser déjà petit à petit mes parents, bref un énorme soulagement...
Ma banque, dès la recevabilité confirmée, m'avait également interdit de chéquier et attribué une carte type Electron (pas Visa). Et au bout du compte, je vivais mieux le fait de devoir faire avec les sous que j'avais, sans jouer sur mon découvert comme une grande partie de la population. La logique même : on fait avec ce qu'on a (mais finalement, quand on y est contraint, c'est pas plus mal)

- le mois de juillet passe, toujours pas de nouvelles de la BdF, je me dis que la justice étant elle-aussi en vacances l'été, surtout au mois d'août, il me faudrait patienter jusqu'à la rentrée.

- début août, en rentrant du taf à midi : avis de passage de recommandé BdF. Ca y est, j'allais être fixé, enfin !
Je cours à la Poste et là, énorme joie en découvrant la copie de l'ordonnance exécutoire du juge, qui suit les recommandations de la BdF et confirme ainsi la validation de ma PRP, et m'informe que j'étais dorénavant inscrit au FICP pour 5 ans.
- publication au BODACC fin août.

Alors oui, je suis conscient que ça peut paraître injuste par rapport à ceux qui remboursent selon un plan assez strict, mais de toutes façons, en entamant cette démarche, j'étais prêt à me plier et m'adapter à un plan de remboursement. Après, les dispositions légales permettent cette procédure d'effacement et j'ai eu la chance d'en bénéficier, d'autant plus avec un dossier complètement bouclé en 5 mois, je ne vais pas bouder mon soulagement !

Je prends cela comme un nouveau départ, une nouvelle chance qui m'est donnée de rebondir et mieux évoluer dans mon avenir personnel. Je continue à économiser au maximum car en tant que jardinier, les hivers sont toujours une période un peu compliquée à négocier financièrement parlant avec une grosse baisse de travail.
Je suis en train de développer de nouveau marchés pour mon activité d'auto-entrepreneur mise entre parenthèses, et je me suis d'ailleurs réinscrit aussitôt auprès de l'URSSAF ! (j'attendais évidemment la décision du juge pour aviser...)

Bref, un gros boost pour le moral, et un nouveau dynamisme qui me motive pour passer de meilleurs jours, mieux gagner ma vie et arriver enfin, un jour, à me faire un peu plaisir (dans la limite du raisonnable bien sûr, mais je ne suis pas un dépensier compulsif)

J'espère modestement, que nos politiques, devant le nombre croissant de personnes surendettées, durciront la législation en matière de crédit, principalement revolving, en exigeant bien plus de contrôles et de pièces justificatives, en limitant au maximum les sommes empruntables, et surtout, en rendant obligatoire la possibilité de migrer d'un revolving à un crédit "classique". Au moins, les mensualités permettraient un réel remboursement de son crédit...
Je ne sais pas comment ce dernier point pourrait être exigible, mais ce serait une grosse avancée...

Une petite parenthèse sur la gestion bancaire post-surendettement. Je n'ai plus de chéquier et bénéficie d'une carte CB V-Pay (S.G.), à autorisation systématique, mais qui n'a pas la souplesse d'un carte VISA, et surtout ne fonctionne pas sur tous les sites web pour achat en ligne (notamment dans le cadre de mon activité indépendante...)
Je me suis très bien adapté à ces services bancaires minimum, et pour tout dire, je me sens bien mieux ainsi : plus de découvert autorisé, plus de crédit possible, une gestion simple et saine !
Mais n'hésitez pas à souscrire un compte Nickel auprès d'un buraliste, perso ça m'aide à mettre un peu d'argent de côté, et la carte Mastercard fonctionne sur la grande majorité du web. Ca me permet ainsi de faciliter mon job indépendant, en laissant dessus quelques petites centaines d'euros.

Dans tous les cas, bon courage à tous dans cette situation difficile, et bon retour à la surface... (les surendettés me comprendront)

bisane

Ben on va laisser les 2 fils !  ;)


Attention, en tant qu'AE, il va falloir ouvrir un compte pro...
il n'y a que les combats que l'on ne livre pas que l'on est sûr de perdre...

claire02154

Bonjour Merci pour ce témoignage qui me redonne un coup de boost

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