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Histoires de femmes surendettées

Démarré par bisane, 23 Mars 2011 à 07:14:41

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bisane

Article transmis par Angélina... merci à elle !  ;)
Quelques idées reçues, mais des résumés de parcours très divers, au final assez représentatifs !


Rose-Anne Vicari - La maman braqueuse
Elle n'ouvre plus les courriers d'huissiers- «Pas le courage.» Elle se perd un peu dans les chiffres. Sans doute doit-elle plus de 30000 euros. Avant d'en arriver là, il y a eu une longue suite de galères, que Rose-Anne raconte de sa belle voix grave. Elle les a écrites, aussi, dans un livre paru en janvier (I). «Je payais tout rubis sur l'ongle. C'est mon compagnon qui m'a initiée à la dette... Et j'ai hérité de la sienne quand on s'est séparés.» La spirales est mise en route. jusqu'à ce matin de décembre 2009 où le désespoir est devenu si grand qu'elle a choisi de passer à l'acte: «J'avais reçu un avis d'expulsion. Et j'avais peur que mon fils tombe dans la délinquance pour essayer de m'aider.» Rose a pris une arme pour braquer sa buraliste, près de Marseille. Elle voulait juste la forcer à lui prêter de l'argent. Le scénario est absurde:
J'y suis allée avec ma carte d'identité, pour lui signer une reconnaissance de dette...» La maman braqueuse a écopé d'un an avec sursis. Et son histoire est devenue, au-delà du fait divers, un symbole. Celui, comme le dit son éditeur, «d'une époque où un Français sur deux a peur de devenir SDF».
(1) Un début de mois difficile, itinéraire d'une maman braqueuse (éd. Max Milo).

Palais de justice de Paris, escalier F, deuxième étage. Dans une salle tout en longueur, la juge d'exécution enchaîne les dossiers. Ce matin de février, il y a par exemple celui de Marianne. Elle a accumulé tellement de dettes que la magistrate a déclenché une «procédure d'effacement» Son cas est irrécupérable: toutes ses créances vont être annulées. Une procédure extrême et surprenante, de plus en plus courante. «C'est la fin d'un douloureux parcours », confie Marianne. Un divorce, un ex qui oublie de payer la pension alimentaire, de rembourser sa part des crédits, un petit salaire... Elle se presse vers la sortie, sourire timide aux lèvres: « Au bureau, j'ai dit que je m'absentais une heure, sans préciser pourquoi. Je ne veux pas qu'on sache. » La honte, c'est le sentiment le plus partagé chez les surendettés. Comme Marianne, plus de 750 000 foyers français sont « dans l'impossibilité de faire face à l'ensemble de leurs dettes », et près de 220000 dossiers de surendettement ont été déposés entre octobre 2009 et septembre 2010. Soir 20 % d'augmentation en deux ans. De plus en plus d'histoires chaotiques, dramatiques. Comme celle de ce retraité près d'Amiens. En janvier dernier, il tue sa femme, sa fille et sa mère avant de se donner la mort. Personne ne s'en doutait, pas même sa famille, mais il avait accumulé jusqu'à l'étouffement ces fameux crédits revolving, qui permettent de piocher dans une réserve d'argent se renouvelant au fil des remboursements.

«TRÈS SOUVENT, CE SONT LES FEMMES QUI GÈRENT LES BUDGETS»
Franck Vouaux, avocat à Nancy, connaît bien ces dossiers: «Dans un couple, il y en a toujours un qui est plus raisonnable, qui pourrait dire stop. Mais les gens cachent fréquemment leurs emprunts à leur conjoint. Très souvent, ce sont les femmes qui gèrent les budgets et donc qui contractent les crédits. » Et d'insister:
«Cela peut arriver à tout le monde, surtout depuis la crise. Généralement, les dépenses de départ sont justifiées, mais les taux d'intérêt sont si exorbitants, parfois au-delà des 20 %, que l'engrenage s'enclenche vite. » La réforme Lagarde qui vient d'entrer en vigueur prévoit, à défaut de les interdire, d'encadrer les crédits revolving. C'est déjà ça, soupirent les associations... Emmanuel Petit, juriste chez Crésus (Chambre régionale du Surendettement Social), qui vient en aide aux surendettés, décrypte: «Les crédits s'accumulent, et un grain de sable suffit pour enrayer la machine C'est ce qu'on appelle l'accident de la vie, qui peut être un divorce, un licenciement. » Le problème, c'est que les gens retardent les démarches qui pourraient les sauver. A Trappes, dans l'une des antennes de Crésus, Lola a rendez-vous avec un autre juriste. Il l'avait déjà rencontrée il y a plusieurs mois. Mais elle a hésité à remplir son dossier. «Je pensais retrouver du travail et regrouper mes crédits », confie la jeune mère de famille. Elle se perd dans les chiffes, dit pudiquement qu'au total, «ça fait beaucoup». Ses six crédits l'étouffent. Parce qu'elle n'a «plus le choix », Lola va finalement envoyer son dossier à la Banque de France. Une institution effrayante mais qui est pourtant l'ultime recours. « Quand elle accepte votre dossier; cela permet de stopper toute poursuite judiciaire des créanciers », explique Emmanuel Petit. En revanche, si le dossier est déclaré irrecevable, il faut «contester cette décision devant un juge, précise l'avocate Valérie Goutte. Si ce dernier la confirme, l'emprunteur est jeté en pâture aux créanciers ». Qui s'acharnent sans scrupule

LE TORT DE CÉCILE? ÊTRE TOMBÉE AMOUREUSE D'UN ESCROC
« Parfois, les créanciers appellent vos voisins, vos collègues. raconte Cécile, une élégante Parisienne de 49 ans. Alors qu'évidemment. vous n'avez rien dit à personne. » Cécile a quarante-deux crédits et un passif de 240000 E. La juge d'exécution vient de la déclarer irrecevable: « Elle a considéré, comme j'ai un bon niveau socioprofessionnel, que je n'avais aucune excuse... » Pourtant, elle n'a pas flambé. Elle est juste tombée amoureuse. D'un escroc qui lui a fait accumuler les revolving pour assouvir sa passion du jeu.
Quand elle a réussi à se défaire de son emprise, il était trop tard. « Ma fille de 25 ans n'est pas au courant, confie-t-elle. Lorsqu'elle vient, je débranche l'interphone, au cas où le facteur passerait avec an recommandé.  » Cécile redéposera un dossier d'ici un an. En attendant, elle laisse le téléphone sonner, efface les messages des créanciers — jusqu'à cinquante par jour. Et «vit avec, son surendettement: «Je suis une surendettée avant d'être une femme. J'ai parfois eu envie de disparaître. Mais il faut assumer. Et se battre... »

« Les cartes de crédit des magasins sont de vrais pièges»
Elle vit un peu au-dessus de ses moyens. Pas de folies, mais des vacances chaque été, des fringues de marque pour ses deux ados qu'elle élève seule, et à qui elle n'aime pas refuser. Il a suffi de quelques galères, la machine à laver qui rend l'âme, le ravalement de l'immeuble où elle a hérité d'un petit F2 à payer, pour que l'équilibre précaire vacille, malgré un salaire correct. Anne, 50 ans, a fait le calcul: elle doit plus de 80000 E. Aux organismes de crédit, aux banques, aux voisins. «Ma fille et mon beau-fils m'ont prêté de l'argent pour que je rembourse mes proches. Et jai bon espoir qu'une banque m autorise bientôt un regroupement de crédits...» Il va falloir se serrer la ceinture: «jài déjà revendu plusieurs consoles, et mon grand fait du baby-sitting. Surtout, je ne toucherai plus aux cartes des magasins. Vous ne demandez rien, et ils vous proposent 7500 € pour acheter à crédit! Ce sont de vrais pièges.»

3 QUESTIONS À VALÉRIE GOUTTE, avocate
Vous traitez des dossiers de surendettement depuis quinze ans. Quel est le profil type de vos clients?
Ma clientèle est très hétéroclite.
Il y a un ancien agent immobilier qui vivait sur un grand pied et se retrouve chez Emmaüs après avoir subi la crise de plein fouet. Mais aussi des fonctionnaires, à qui l'on prête facilement, mais dont le salaire n'augmente pas et qui se retrouvent pris à la gorge. Il y a également les femmes seules, qui galèrent parce que la pension alimentaire n'est pas payée, les gens qui ont emprunté pour garder leur niveau de vie malgré un licenciement...
Qu'ont-ils fait de cet argent?
Ils ont emprunté pour joindre les deux bouts, pour payer leurs impôts, faire des cadeau aux enfants à Noël. Ils ne se sont pas offert un tour du monde ! C'était juste pour vivre au quotidien sans trop se priver. Aucun de mes clients ne s'habille avenue Montaigne...
Faut-il supprimer le crédit revolving ?
C'est une belle invention... mal utilisée. Si votre frigo tombe en panne et que vous avez besoin de 1000 €, pourquoi pas, tant que vous réussissez à le solder rapidement. Mais ces crédits sont utilisés comme une réserve d'argent dans laquelle on puise, que l'on finit par intégrer dans son budget. Sans s'en rendre compte, les gens s'endettent... Jusqu'à ce que l'engrenage soit impossible à stopper.
Valérie Goutte est l'auteur du guide Le Surendettement, et vous? (Editions Cristel)


Article paru dans "GRAZIA" - 4 Mars 2011
il n'y a que les combats que l'on ne livre pas que l'on est sûr de perdre...

ANGELINA

Je suis contente d' avoir eu le courage de témoigner!!!

Angélina

lafred

oui très bien cet article, je suis surprise de voir quand même qu'on ne parle pas des artisans, (et ex-femmes d'artisans !) sur-endettés à cause d'une mauvaise gestion (enfin c'est à dire qu'on mange avant de payer les fournisseurs, les charges sociales, et surtout les banques). Est-ce qu'il y aurait des témoignages d'artisans ou ex-artisans ?

bisane

CitationEst-ce qu'il y aurait des témoignages d'artisans ou ex-artisans ?
Ben... a priori, elles ne relèvent pas de la procédure de surendettement...
il n'y a que les combats que l'on ne livre pas que l'on est sûr de perdre...